L’économie informelle: une activité à risque

Les travailleurs de l’économie informelle évoluent souvent dans les conditions et les emplois les plus dangereux de tous les secteurs économiques – agriculture, industrie et services.

Liste de référence | 23 mars 2015
Les unités du secteur informel sont généralement de petite taille, recourant pour la plupart à une main-d’œuvre non-salariée et non-organisée, des processus et des modalités de travail précaires, le plus souvent non-réglementés et non-déclarés, en dehors du cadre réglementaire et de contrôle de l’État, y compris en ce qui concerne la SST et la protection sociale. Font également défaut la sensibilisation, les moyens techniques et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des mesures de SST. Souvent, les mesures préventives destinées à réduire les risques professionnels, sous la forme de systèmes de gestion de la SST et d’une culture relative à la sécurité, ne se retrouvent pas dans l’économie informelle.

Combiné à une faible couverture en matière de protection sociale, un niveau élevé d’exposition aux risques place les travailleurs informels dans une situation de grande vulnérabilité. Si la pauvreté ne concerne pas tous les travailleurs de l’économie informelle, une forte proportion de pauvres se situent néanmoins dans l’économie informelle et, du fait de leur pauvreté, les risques professionnels sont accentués sous l’effet de facteurs tels qu’un logement précaire, une alimentation de piètre qualité, des problèmes d’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires, de même que l’absence de services médicaux essentiels. Le lieu de travail et le lieu de vie se confondent pour bon nombre d’opérateurs du secteur informel. La vulnérabilité aux maladies et la mauvaise santé sont donc la résultante d’un ensemble de conditions de vie et de travail déplorables. Il est avéré que les inégalités entre hommes et femmes sont plus criantes dans l’économie informelle, les femmes étant concentrées à l’extrémité inférieure et percevant un salaire nettement en-deçà de celui des hommes. C’est également dans l’économie informelle que la prévalence du travail des enfants et de la servitude pour dettes est la plus forte et la plus difficile à traiter.

Les accidents du travail et les maladies professionnelles peuvent et doivent être prévenus dans l’économie informelle. A cette fin, l’OIT veille tout particulièrement à sensibiliser à ces problèmes les travailleurs et entreprises de l’économie informelle, ceux-ci ne considérant que rarement l’amélioration de la SST comme une priorité, et à sensibiliser les décideurs, les autorités municipales et les services d’inspection du travail en faveur d’une approche préventive et promotionnelle. Cet effort se traduit notamment par des programmes de formation participatifs tels que WISE / Work Improvement in Small Enterprises – Package for trainers (Amélioration du travail dans les petites entreprises), WISH / Work Improvement for Safe Home: Action manual for improving safety, health and working conditions of home workers (Amélioration du travail pour des maisons sûres; ce manuel à l’attention des travailleurs à domicile suggère des pistes visant à améliorer leur sécurité, leurs conditions de santé et de travail) et enfin le programme Work Improvement in Neighbourhood Development (Amélioration du travail dans le cadre du développement local), qui ont permis d’appuyer des initiatives locales en vue d’améliorer les conditions de travail en de nombreux points du globe. Ces programmes participatifs mettent l’accent sur des améliorations immédiates de la SST sur les lieux de travail de l’économie informelle en utilisant des matériels peu coûteux et disponibles localement, et en les conjuguant à une amélioration de la productivité. De plus en plus utilisés dans l’économie informelle, ces programmes présentent un caractère incitatif.