Réinsertion socioéconomique

© ILO / Andrew Quilty
Il existe un certain nombre d’obstacles structurels et conjoncturels à même d’empêcher la réinsertion socioéconomique des travailleurs migrants et des réfugiés. Certains d’entre eux sont inhérents à l’expérience même de la migration ou des déplacements forcés. Chez les migrants de retour, le séjour prolongé à l’étranger est souvent à l’origine de difficultés à trouver des opportunités d’emploi, principalement en raison de la perte de contact avec les réseaux dont ils disposaient auparavant dans leur pays d’origine.

D’autres facteurs ont trait à la capacité des pays à faciliter les processus de réinsertion. De fait, les pays à l’origine d’importants contingents de migrants ou de réfugiés ne sont souvent pas en mesure de participer pleinement à leur réinsertion effective, principalement en raison du manque de capacités institutionnelles, mais également de ressources humaines et financières. De retour chez elles, ces personnes manquent souvent d’informations à jour sur les services de l’emploi et la situation actuelle du marché du travail. Par conséquent, nombre de ces travailleurs de retour se retrouvent dans des emplois informels peu qualifiés ou dans des secteurs sous-réglementés.

En raison de l’impact de la pandémie de COVID-19, beaucoup de travailleurs migrants ont perdu leur emploi dans le pays de destination et ont ainsi dû retourner dans leur pays d’origine, parfois de force. Ces retours non prévus ont souvent mis les migrants dans des situations où les opportunités d’accès à des emplois décents étaient encore plus limitées en raison du confinement et autres mesures de restriction, sans compter une situation économique difficile de manière générale, créant ainsi chez ces personnes de retour d’énormes difficultés à satisfaire leurs besoins fondamentaux et ceux de leurs familles.

Dans certains cas, les travailleurs migrants de retour reviennent dans des pays souffrant déjà d’un taux de chômage élevé et d’une situation économique problématique. La pression exercée sur les marchés du travail dans les zones de retour est à même d’accroître la concurrence avec les travailleurs résidents et d’aviver les tensions entre communautés. Si l’accès à l’emploi et aux moyens de subsistance est inexistant sur le lieu du retour, les travailleurs concernés ont tendance à migrer vers les zones urbaines en quête d’opportunités d’emploi. L’absence de réinsertion durable augmente la probabilité de ce que ces populations sombrent dans la pauvreté et/ou s’engagent dans une migration ou un déplacement secondaires.

Ces personnes de retour peuvent néanmoins jouer un rôle important de transfert de qualifications et de compétences vers les pays d’origine, en ce qu’ils reviennent avec des aptitudes, une expérience et des capacités d’entrepreneuriat à même d’aider les pays à mieux se reconstruire. Dans les zones de retour, la fourniture d’un soutien opérationnel basé sur des opportunités génératrices de revenus aussi bien pour les travailleurs de retour que pour les communautés restées sur place pourrait contribuer au processus global de réinsertion.