Convention de l’OIT sur le travail forcé

Le Royaume-Uni rejoint la lutte contre le travail forcé

Le Royaume-Uni a ratifié le Protocole de 2014 relatif à la convention sur le travail forcé de 1930, rejoignant ainsi la Norvège et le Niger dans la campagne visant à éradiquer l’esclavage moderne.

Actualité | 22 janvier 2016
Karen Bradley, ministre britannique chargée de la Prévention des pratiques abusives et de l’exploitation, et le Directeur général de l’OIT Guy Ryder
LONDRES (OIT Info) – Le Royaume-Uni a ratifié un accord historique de l’OIT pour lutter contre le travail forcé, la traite des personnes et les autres formes d’esclavage moderne. Le Protocole de 2014 relatif à la convention sur le travail forcé, 1930 vise à prévenir le travail forcé et à apporter un soutien aux victimes. Le Royaume-Uni rejoint le Niger et la Norvège parmi les premières nations à signer le Protocole.

«C’est une avancée importante et appréciable dans la lutte contre le travail forcé», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder. «La ratification du Royaume-Uni indique clairement que le mouvement mondial prend de l’ampleur pour lutter contre ces pratiques abominables qui humilient et asservissent des millions de personnes à travers le monde.»

La recherche de l’OIT a montré que les profits dégagés par l’industrie du travail forcé sont plus élevés dans les économies développées et l’Union européenne. L'Organisation estime que 21 millions de personnes sont victimes du travail forcé dans le monde ; leur activité génère environ 150 milliards de dollars de profits illicites par an. Ces pratiques prennent diverses formes, du travail domestique à l’agriculture, la pêche et la construction. Les femmes et les filles en particulier font l’objet d’une exploitation sexuelle à des fins commerciales.

Karen Bradley, ministre britannique chargée de la Prévention des pratiques abusives et de l’exploitation a déploré: «Malheureusement, le travail forcé peut être présent dans tous les secteurs, mais le gouvernement britannique ne restera pas sans réagir quand des criminels tirent profit du commerce de la misère humaine.»

«C’est pourquoi nous nous sommes engagés à collaborer avec l’Organisation internationale du Travail et d’autres pays pour apporter la meilleure protection possible aux victimes et traduire les auteurs en justice.»

«Dans le cadre de notre loi phare sur l’esclavage moderne, nous veillons d’ores et déjà à ce que les personnes coupables d’infractions liées au travail forcé passent leur vie derrière les barreaux; notre loi sur l’immigration va s’assurer que l’Autorité chargé d’accorder des licences aux recruteurs dispose de nouveaux pouvoirs d’investigation afin d’identifier les travailleurs exploités.»

Cette Autorité, organisme public mis sur pied par le gouvernement britannique pour lutter contre le travail forcé, est un partenaire de notre campagne 50 for Freedom contre l’esclavage moderne. La campagne, animée par l’OIT, la Confédération syndicale internationale (CSI), l’Organisation internationale des employeurs (OIE) a été lancée à Londres en octobre 2015. Parmi les autres partenaires britanniques de la campagne 50 for Freedom, on trouve l’Initiative pour le commerce équitable et l’Institut des droits de homme et des entreprises (IHRB).

Le Royaume-Uni a une longue tradition de lutte contre le travail forcé. Il fut l’un des premiers pays à ratifier la convention (n° 29) sur le travail forcé, 1930 dès 1931 et la convention (n° 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957 dès 1957. En mars 2015, la Loi britannique sur l’esclavage moderne a été adoptée, marquant une étape majeure dans le renforcement du cadre juridique pour combattre toutes les formes de travail forcé.

Le Protocole et la recommandation, adoptés par la Conférence internationale du Travail en 2014, ont ajouté de nouvelles mesures à la convention sur le travail forcé de 1930. Ils demandent aux Etats membres de prendre des mesures pour prévenir le travail forcé, ainsi que pour apporter aux victimes protection et accès à des recours efficaces. Il demande aussi une diligence raisonnable tant dans le secteur public que privé afin de prévenir et répondre aux risques de travail forcé.