Davos

La crise de l’emploi est loin d’être terminée, avertit le Directeur général de l'OIT

S’exprimant lors du Forum économique mondial à Davos, le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder, a déclaré que la terrible situation de l’emploi montrait que la crise était loin d’être terminée.

Actualité | 25 janvier 2013
DAVOS, Suisse (OIT Info) – Soulignant l’urgente nécessité de s’attaquer à la crise de l’emploi, le Directeur général de l'OIT, Guy Ryder, a averti qu’il ne saurait y avoir de réelle croissance sans emploi.

Interrogé sur le casse-tête de la croissance et de l’emploi – s’il n’y a pas d’emploi, l’économie ne peut croître et si l’économie ne croît pas, elle ne peut pas créer d’emplois – M. Ryder a répondu que «cette simple logique … ne semble pas s’être imposée aux responsables politiques qui ont commencé par instaurer la rigueur en Europe pour résoudre la crise financière».

«Si cela avait été dit et entendu il y a trois ou quatre ans, peut-être aurions-nous pu éviter certains des excès de la crise de l’emploi qui se manifestent aujourd’ hui», a-t-il déclaré au cours d’un débat au Forum économique mondial à Davos.

«Ce n’est pas le seul élément du malaise économique que nous affrontons mais c’en est la quintessence même.»

Nous ne sommes pas au bout du tunnel.» G. Ryder
Citations du Directeur général de l'OIT
Evoquant le taux de chômage de l’Espagne, qui a atteint un niveau record de 26 pour cent, M. Ryder a déclaré: «Les chiffres qui ont été publiés cette semaine sont absolument consternants… On ne voit pas se profiler de reprise. Mais je pense que pendant que nous sommes tous, et c’est bien compréhensible, focalisés sur l’Espagne, nous sommes confrontés à une crise mondiale persistante de l’emploi.»

Il a également fait remarquer que si l’intensité de la crise financière pouvait sembler diminuer, les marchés de l’emploi envoyaient des signaux complètement différents.

«Nous avons perdu plus de 4 millions d’emplois – 4 millions de personnes de plus au chômage en 2012. Pour 2013, ce seront 5 autres millions et cela continue. Nous ne sommes pas au bout du tunnel.»

Il avait déjà mis l’accent sur ce point lors d’une interview télévisée à Sky News. «Je pense que nous ne devrions pas nous précipiter pour affirmer que la crise est derrière nous. Pour les personnes qui pointent au chômage, la crise est une réalité bien tangible et ils sont de plus en plus nombreux dans cette situation.»

Les participants au débat, parmi lesquels le Premier ministre de Malaisie Najib Razak et Jim Hagemann Snabe de l’entreprise de logiciels allemande SAP, ont été unanimes sur la nécessité pour le secteur privé d’investir dans l’éducation afin de contribuer à combler les décalages entre offre et demande de compétences.

Les changements technologiques «vont exiger de nouveaux types de compétences», a rappelé M. Ryder, ajoutant que les entreprises devaient assumer leur rôle dans la formation des personnels. «Les politiques qui fonctionnent sont celles qui associent vraiment l’éducation formelle et l’expérience professionnelle – cette vieille idée de l’apprentissage.»

M. Ryder a ajouté que des accords internationaux étaient indispensables pour faciliter la migration des demandeurs d’emploi. Il a souligné que la crise avait provoqué d’importants changements en termes de mobilité de la main-d’œuvre, citant l’exemple d’Espagnols partis chercher du travail ailleurs en Europe ou en Amérique latine ou de travailleurs portugais trouvant du travail en Angola.

Le débat, intitulé «Le malaise économique et ses périls», était animé par un journaliste de la chaîne d’information Al Jazeera.