Travail de geants - Cambodge
Selon la légende, il y a bien longtemps des géants ont bâti les temples qui emplissent le paysage du Cambodge. Aujourd'hui cette tâche incombe à Iv Yarany et aux centaines d'ouvriers qu'elle dirige dans la restauration de monuments comme Angkor Vat. Jadis symbole des puissants rois khmers, il était il y a dix ans sur le point de tomber en ruines, oublié au milieu d'une végétation luxuriante et des décombres de la guerre. Ils ont été restaurés comme ils ont été construits, sans utiliser de machines en reprenant la technologie fondée sur le travail qui fut celle des Khmers pendant des siècles.
Iv Yarany, chef du projet de l'OIT
Je ne considère pas mon travail seulement en termes techniques. Angkor Vat est l'essence même de l'histoire de mon pays. En tant que descendante des Khmers, je suis fière de contribuer à cette reconstruction.
Peu après qu'un accord de paix eut mis fin à des décennies de conflit au Cambodge, l'OIT s'est mobilisée pour mettre le pays sur le chemin de la reprise. Mais ce chemin était littéralement pavé de mines et d'autres obstacles dont le principal était l'emploi. L'agriculture ne suffisait pas à soulager la grande pauvreté et l'OIT a donc élaboré une reprise fondée sur le travail qui emploie les milliers de réfugiés et d'anciens soldats revenus chez eux à la reconstruction de l'infrastructure dévastée du pays. Cet effort massif fait l'objet d'un nouveau livre de l'OIT: "Le travail des géants". Brian Wenk a été le premier témoin de cette remarquable reprise.
Brian Wenk, auteur du livre: "Le travail des géants"
Quand un pays sort de décennies d'un conflit très violent qui lui a coûté ses experts, ses docteurs, ses ingénieurs, ses enseignants, a emporté beaucoup de chefs de famille ou les a laissés mutilés, défigurés, il faut faire un effort gigantesque pour se rassembler, retrousser ses manches et rebâtir le pays.
Comme le flux et le reflux des eaux torrentielles qui inondent régulièrement la région, la création d'emplois durables a exigé une gestion prudente. De même que l'histoire du Cambodge, sa reprise tournait autour de l'eau et de sa gestion. Pour restaurer le système d'irrigation, il fallait pouvoir rebâtir plus de 540 km de routes, 80 ponts et 21 écluses, assurant le paiement de plus de 3 millions de journées de travail.
David Salter, conseiller technique en chef de l'OIT au Cambodge
La gestion de l'eau, l'art de bien gérer les ressources en eau, sont cruciales et constituent une partie très importante de l'histoire cambodgienne. Cela touche même tous les aspects de l'infrastructure, y compris les routes qui doivent être construites spécialement pour la saison des pluies, et exige un financement beaucoup plus important en raison des crues.
Le travail des géants a été sauvé au prix d'un effort non moins gigantesque par le travail des hommes.