En s'agrippant à une grille fragile, les enfants d'Irra en Colombie traversent la rivière non pas pour travailler dans les mines d'or comme ils le feraient normalement mais en souvenir de leurs amis morts récemment dans un des pires accidents miniers que l'Amérique latine ait connus depuis longtemps.

Oscar Ladino, jeune mineur

C'était une catastrophe. Tout le monde s'est mis à crier quand ce mur de boue s'est effondré. Tout d'un coup, il y a eu un grand silence... En quelques secondes nous avons compris que beaucoup de gens étaient morts.

Quand le mur extérieur de la mine d'El Pescadero est tombé, affaibli par les pluies torrentielles, près de 80 personnes ont été englouties par le torrent de boue et de pierres. Les corps d'au moins 6 enfants gisent aux côtés des adultes ensevelis alors qu'ils cherchaient de l'or.

Dans le monde, des millions d'enfants travaillent et bien souvent meurent au cours de travaux miniers, en fabriquant des feux d'artifice et en se livrant à d'autres travaux physiques dangereux que l'Organisation internationale du Travail appelle les pires formes de travail des enfants.

Asha de Souza, expert OIT/IPEC sur le travail des enfants

Je pense que ces enfants n'ont pas seulement été écrasés par une montagne de terre mais par l'injustice qui tolère que des millions d'enfants risquent leur vie, leur santé et sont privés de leur enfance, pour obtenir quoi? Un salaire de misère.

Le petit Andrès, 9 ans, a péri dans l'accident. Sa mère, Maria Castro, n'avait pas d'autre choix que de l'envoyer travailler à la mine car il n'y a dans la région ni écoles ni travail décent pour les adultes.

La situation n'est pas différente pour Jefferson, également âgé de 9 ans. Il a commencé à travailler à la mine à 5 ans. Ses souvenirs d'enfance seront à jamais marqués par ce qu'il a vu.

Jefferson

J'ai eu très peur. Je me suis mis à courir et j'ai vu un tas de morts. L'un d'eux avait le crâne complètement ouvert. Quand je me suis approché, j'ai vu que c'était mon grand-père.

Une simple croix signale la tombe du fils de 7 ans de Fanny Ospina, mort lui aussi dans l'accident. La pauvreté ne saurait excuser la perte de si jeunes vies, déclare l'OIT. Il est urgent d'agir pour mettre fin au travail des enfants sous ses formes les plus dangereuses.

Miguel Schapira, Télévision de l’OIT

L'accident de la mine d'El Pescadero constitue un nouvel accident impliquant des enfants travailleurs. Les jeunes corps qui gisent sous la boue nous rappellent constamment qu'il est urgent de livrer une lutte sans merci pour éliminer le travail des enfants, non seulement ici en Colombie, mais dans le monde entier.