Vertes et équitables, les coopératives d’Ethiopie

De par leur nature même, les coopératives peuvent concilier les impératifs économiques, environnementaux et sociaux. Lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), l’OIT fera découvrir certaines de ses expériences réussies sur le terrain. L’une d’elle concerne plus de 200 000 producteurs de café et près de 200 coopératives en Ethiopie.

Article | 19 juin 2012
ADDIS-ABEBA, Ethiopie – Lorsqu’une mission de l’OIT est arrivée en Ethiopie en 1993 pour instaurer une toute nouvelle réforme des coopératives et des programmes de développement des ressources humaines, elle a trouvé un pays avec des centaines de milliers de personnes déplacées et de soldats démobilisés.

Elle a également découvert une économie affaiblie, l’insécurité alimentaire, un chômage rampant et … un mouvement coopératif.

Ce mouvement comptait parmi ceux qui portaient les stigmates des 14 années écoulées. Compte tenu de leur passé, les coopératives étaient perçues comme des institutions socialistes et des instruments d’oppression aux mains de l’Etat.

Dix-neuf ans plus tard, tout a changé.

L’Union coopérative des producteurs de café d’Oromia (OCFCU en anglais) illustre combien les coopératives agricoles peuvent améliorer la capacité de leurs adhérents à accéder aux marchés mondiaux, ainsi que leurs revenus et leurs conditions sociales.

L’OCFCU exporte son café vers l’Union européenne (UE), les Etats-Unis et l’Australie. Au total, plus de 200 000 producteurs de café et environ 200 coopératives sont concernés à travers tout le pays.

Elle a négocié des accords commerciaux équitables avec les distributeurs de café de certains pays de l’UE, a ouvert des cafés au Royaume-Uni, en Allemagne, au Japon et au Canada et fait une promotion vigoureuse de la culture biologique du café pour sa valeur ajoutée.

Un objectif primordial est d’accroître le caractère durable de l’industrie du café en soutenant la biodiversité, en améliorant la qualité des sols grâce à l’utilisation de compost biologique, et de promouvoir la protection de l’environnement – toutes ces questions seront au programme de la conférence Rio+20.

D’Oromia au reste de l’Ethiopie et au-delà des frontières


Le café d’Oromia est biologique, cultivé en forêt; aucun herbicide, insecticide ou engrais chimique n’est utilisé dans sa production.

En travaillant ensemble, les planteurs arrivent à mutualiser leurs ressources. Ce système démocratique est bénéfique pour les planteurs à titre individuel comme pour leurs communautés.

La cueillette du café est faite à la main. Une agence privée, BCS Öko-Garantie, en application des réglementations de l’UE sur la production biologique, mène une fois par an des missions de surveillance et d’inspection.

En tant que producteur de café équitable, l’OCFCU peut bénéficier de la prime au commerce équitable Fairtrade et de son fonds social pour financer des programmes de développement communautaire. Ainsi, 28 programmes éducatifs, 8 programmes santé et 36 programmes d’eau potable ont déjà été financés, de même que la construction d’un pont et l’amélioration de la distribution d’électricité.

Par ailleurs, l’OCFCU a récemment créé sa propre banque d’adhérents qui étend le crédit afin de financer les investissements indispensables avant la récolte. Elle promeut également l’écotourisme dans les régions où l’on cultive le café.

L’expérience d’Oromia a été dupliquée dans le reste de l’Ethiopie où le mouvement coopératif connaît un essor rapide.

Au Ghana, une initiative comparable de planteurs de cacao, Kuapa Kokkoo, a été certifiée commerce équitable par Fairtrade. Etablie en 1993 par des planteurs de cacao, la coopérative tire sa force de la participation des petits planteurs au niveau des villages.