Dialogue social

Le dialogue social est essentiel pour relever les défis du 21e siècle

Avant de signer un accord de coopération avec l’Association internationale des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder, a pris la parole pour réaffirmer l’importance du dialogue social.

Déclaration | 23 octobre 2018
Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire générale de l’AICESIS,
Distingués membres des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires,
Chers collègues,
Mesdames et Messieurs,

C’est pour nous un grand plaisir de vous accueillir tous, ici à Genève, au siège du Bureau international du Travail, pour le déroulement de votre séminaire international sur la révolution numérique. Je voudrais vous remercier, Monsieur le Président, d’avoir choisi de tenir votre réunion ici au BIT, la maison mondiale du dialogue social.

En tant que représentants d’institutions de dialogue social dans vos pays respectifs, vous êtes ici chez vous!

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Comme vient de le rappeler la Résolution sur le dialogue social et le tripartisme adoptée par la Conférence internationale du Travail en juin dernier, le dialogue social est essentiel pour relever les défis sociaux, économiques et environnementaux du 21e siècle, pour trouver des solutions durables et acceptables pour tous, et pour concevoir des politiques de promotion de la justice sociale.

Comme vous le savez, l'OIT pratique quotidiennement le dialogue social et le tripartisme dans toutes ses structures et encourage les gouvernements et les partenaires sociaux à faire de même au niveau national. Et il arrive souvent que les conseils économiques et sociaux et institutions similaires constituent les interlocuteurs qui peuvent le mieux organiser ce dialogue et faciliter ainsi la coopération entre les autorités publiques et les partenaires sociaux.

En tant qu’institutions qui prônent la participation de la société civile, et notamment celle des partenaires sociaux dans la prise de décision et l’élaboration des politiques publiques, vous êtes les gardiens de ces valeurs nobles que sont le dialogue social, la démocratie participative et la liberté d’expression.

Mesdames, Messieurs,

Dans ces temps un peu incertains, où les différents acteurs sociétaux ont parfois du mal à se parler et où la méfiance tend à s’installer entre eux, vous, les conseils économiques et sociaux et autres institutions du dialogue social, avez une responsabilité historique, celle d’aider les gouvernements, les partenaires sociaux et les autres acteurs potentiels à maintenir actifs les canaux de la concertation et du dialogue pour rétablir la confiance et la sérénité, qui sont indispensables pour préserver la paix et la cohésion sociale.

Pour le Bureau international du Travail, qui est le secrétariat de la seule agence spécialisée du système des Nations Unies structurée de manière tripartite, où les partenaires sociaux délibèrent et prennent décisions sur un pied d’égalité avec les gouvernements, vous, l’AICESIS, vous êtes, ainsi, notre partenaire naturel. Nous nous renforçons mutuellement à travers notre coopération et les nombreuses activités communes que nous organisons sur des thématiques liées au travail décent.

Vous êtes également notre alliée pour défendre et renforcer les valeurs de justice sociale et de travail décent à travers le monde.

Je suis très heureux de constater que notre coopération n’a cessé de croitre depuis la signature de notre accord de coopération initial en 2012, avec de plus en plus d’activités conjointes aux niveaux international, régional et national. J’apprécie également la participation croisée des experts de nos organisations dans nos réunions et activités respectives.

Un exemple relativement récent de notre fructueuse collaboration est l’organisation conjointe de la conférence internationale tenue à Athènes sur l’avenir du travail et le dialogue social. Je sais que cette conférence a été couronnée de succès et que la déclaration d’Athènes sur l’avenir du travail et le dialogue social, qui y a été adoptée, sert maintenant de point de référence pour de nombreuses institutions membres de votre association.

Nous nous réjouissons également de la tenue de notre prochaine conférence conjointe prévue en septembre 2019 à Bucarest, accueillie par le Conseil économique et social de la Roumanie.

Mesdames et Messieurs,

C’est pour renforcer cette coopération fructueuse que nos deux institutions ont décidé, d’un commun accord, de renouveler l’accord de coopération qui va nous guider dans nos efforts communs pour les six prochaines années. Je me réjouis d’avance de cette perspective d’une coopération renforcée à l’avenir entre nos deux institutions et je suis heureux que nous puissions signer cet accord tout de suite après, Monsieur le Président.

Le renouvellement de notre accord de coopération, qui traduit le renforcement de notre partenariat mutuellement bénéfique, arrive à un moment plus opportun que jamais. Comme vous le savez tous, l’OIT fêtera son centième anniversaire l’année prochaine.

En prévision du centenaire, sept initiatives ont été lancées, dont l'une concerne l'avenir du travail. Cette initiative encourage la réflexion et le dialogue entre les mandants tripartites de l’OIT sur les transformations en cours dans le monde du travail d’aujourd’hui et sur les solutions sans doute créatives que nous pouvons forger ensemble pour que l’avenir du travail soit décent et bénéfique pour tous, et puisse amener la justice sociale.

L’OIT a établi une Commission mondiale sur l’avenir du travail qui a entrepris un examen approfondi des évolutions en cours dans le monde du travail. Le rapport de cette Commission, présidée par le Président de l’Afrique de Sud, Cyril Ramaphosa et le Premier Ministre de la Suède, Stefan Löfven, sera présenté le 22 janvier 2019 et ses conclusions aideront l’OIT et ses mandants dans leurs réflexions visant à faire en sorte que l’OIT entre dans son deuxième siècle d’existence fidèle à son mandat de justice sociale et préparée à relever les défis des bouleversements du monde du travail.

Monsieur le Président, Mesdames et messieurs,

Il convient de noter ici que l’un des aspects pris en compte par la Commission mondiale est justement, le thème de votre séminaire, à savoir la révolution numérique.

Certains avancent que la quatrième révolution industrielle pourrait être la cause d’une destruction massive d’emplois, tandis que d’autres disent qu’il y a d’énormes opportunités pour la création d’emplois. A mon avis, tout cela dépend de la manière dont nous gérons la technologie et les relations économiques et professionnelles. Ce qui est certainement sans précédent, c’est que la révolution technologique actuelle a la capacité de changer fondamentalement non seulement la quantité d’emplois mais aussi et surtout, la manière dont le travail est organisé et entrepris.

Pour répondre aux besoins futurs en matière d’évolution des compétences, les systèmes traditionnels d’éducation et de formation doivent subir des changements significatifs. L’apprentissage préalable de compétences valables pour l’ensemble de la vie professionnelle ne suffit plus. Cela nécessite de reconsidérer le modèle d’apprentissage tout au long de la vie professionnelle et je ne peux que souligner ici l’importance du dialogue social avec les partenaires sociaux – les praticiens du monde du travail – dans la conception et la mise en œuvre des programmes de formation continue et d’apprentissage.

Surtout, Mesdames et Messieurs, nous ne devons pas tomber dans le piège du déterminisme technologique. Gouvernements, travailleurs et employeurs, dans le cadre d’institutions de dialogue social efficaces et inclusives, sont ceux qui doivent façonner l’avenir du travail tel que nous voulons qu’il soit. Et les solutions demandent un esprit d’ouverture, de diversité, d’inclusion et, évidemment, de dialogue.

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter un excellent séminaire et un très bon séjour à Genève.

Je vous remercie pour votre attention.